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Le Mur de la Presse

Le spectacle d'Otto Wessely raconte une dérive nocturne parisienne, de huit heures du soir à huit heures du matin- c'est manifestement du vécu, car l'autrichien Otto a beaucoup travaillé  avec les gens de la nuit. Sa longue collaboration avec le Crazy Horse nous vaut d'ailleurs un hommage de feu son patron Alain Bernardin au milieu du show. " on s'engueulait de temps à autres, mais le courant passait". A onze ans Otto achète un manuel de magie facile, pour épater les copains et "rendre l'impossible possible". A dix huit ans son premier spectacle est un joyeux fiasco; dès son entrée en scène, il renverse la table d'accessoires: "les gens riaient comme si c'était volontaire. Depuis, je cherche à recréer ce triomphe" (grand rires d'OUTRE-RHIN)" En 72, il part à Londres pour un concours, sachant qu'il n'avait pas de quoi se payer le billet retour pour Vienne. Il gagne le premier prix qui suffit à peine à le ramener à Paris, après une épique traversée de la Manche de onze heures, sous un orage wagnérien. "Je suis descendu à l'hôtel le moins cher que j'ai trouvé, et j'ai été marché sur les grands boulevards. Devant l'Olympia, je vois un mec avec du courrier dans les mains, je croyais que c'était le concierge. Je lui demande de me présenter son patron-il me dit c'est moi, je suis Jean Michel Boris. Six mois plus tard, j'étais embauché. Voilà comment je suis resté à Paris." Autre hasard, autre rencontre, celle de son épouse et assistante Christa: "j'arrivais en train d'une fête foraine en Autriche. Pour être à l'heure, je prends un taxi, et à l'arrivée, je demande si quelqu'un a cinquante francs à m'avancer. Elle les avait. Pour la remercier, on a été boire un café et voilà. Elle m'a épousé, on a fait deux fois le tour du monde et on a un petit garçon de dix ans." A l'Espace Jemmapes, Otto Wessely laisse libre cours à sa fantaisie hardcore, qui ferait passer le Monty Phytons pour une bande de neurasthéniques "having tea in the midlands". Les lapins en peluche et les colombes en plastique volent en tous sens, tandis qu'un assistant en tenue fluorescente de cantonnier déménage discrètement- hum!-les accessoires. Otto avale des caisses de lames de rasoir, scie sa Christa, taxe des clopes aux spectateurs du premier rang, en fait léviter d'autres et pogote sur fond de techno dans un vieux tee-shirt du "Queen". Un tableau vivant très réussi. Le moins que l'on puisse dire c'est que vous n'aurait jamais vu un magicien comme lui avant. Et si vous en voyez un autre après, c'est que vous aurez décidé de revenir... 

Pierre FAGEOLLE; Le Quotidien de Paris