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Le Mur de la Presse

 

La grande illusion. Otto Wessely envahit l'espace. Vous le croyez sur scène, il est derrière vous. Tel un mari hystérique, il provoque une scène de ménage à une femme qui se trouve dans le public. En proie à une crise de paranoïa aiguë, il la force à monter sur scène pour mieux la faire disparaître. Il commence une série de numéros ratés, tous plus pathétiques les uns que les autres, où sa partenaire récalcitrante (Christa Wessely) nous décrit en voix off son ennui existentiel et ses varices à force de rester debout. Parodiant les tours de magie traditionnels, il recrée un univers burlesque d'illusions poétiques ou féeriques. Puis il oublie ses colombes ou lapins en peluche usés au fond d'une poubelle pour inaugurer des tours de magie façon films d'horreur. Exécutant avec sadisme un remake de "massacre à la tronçonneuse", il nous convie au dîner de la mort, avant un chapelet de lames de rasoir en guise de menu nouvelle cuisine. Dans le cas d'Otto, il s'agirait plutôt de "nouvelle magie". S'inspirant du texte de Jean Cocteau sur les illusionnistes: "vos mensonges nous émerveillent davantage que notre pauvre vérité. Homme aux mille mains, je forme des voeux pour que votre art se lègue, parce qu'il s'adresse à ce que le monde conserve en lui de meilleur: l'enfance", il explose en seconde partie avec des tours délirants qu'il enchaîne avec une virtuosité mêlée de folie, comme s'il cherchait à nous montrer que l'impossible est encore possible et qu'il exprime l'universel désir d'échapper aux contraintes de la condition humaine. Un spectacle pour les amoureux de la métamorphose qui cherchent à troquer leurs cauchemars contre des rêves. 

Sofia ZERBIB.