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interview Genii Magazine

PATRICK SÉBASTIEN 

 (par Otto Wessely) 

Dans la plupart des cas, la carrière d’une vedette se déroule de la façon suivante :

Lancement d’un 45 tours (le tube), assorti d’une prestation scénique en première partie d’une vedette confirmée. Même maison de disque et même producteur pour vedette et future vedette. Si la vente du 45 tours est satisfaisante, lancement d’un 33 tours et prestation scénique en vedette, c’est à dire en deuxième partie d’un spectacle dont la première partie est composée selon les exigences promotionnelles de la maison de disques de la vedette.

Patrick Sebastien

Si ce 33 tours se vend bien, lancement d’un autre spectacle, cette fois en " récital ", c’est à dire sans première partie.

Après, soit on arrête la vedette, ou soit cela continue. Cela dépend de l’affection du public ou de la créativité du producteur.

La carrière de Patrick Sébastien est radicalement différente car dès le début, elle n’était pas basée sur la vente de disques, même s’il en vend, mais sur le spectacle. Et il nous a paru normal de rendre hommage à Patrick Sébastien qui impose, et cela d’une façon systématique et depuis 10 ans, des artistes visuels dans ses spectacles, ses tournées et ses émissions de télé. Oui, il est en ce moment le seul à défendre cette démarche. Alors nous avons trouvé intéressant de l’interviewer. Cette interview a eu lieu le 14 mars, deux jours après son émission du samedi soir, où pour la première fois, le tout puissant taux d’écoute était largement en faveur de Patrick Sébastien : 20% pour la soirée des " Césars ", 30% pour Patrick Sébastien.

Nous en sommes fiers ! Je pensais me retrouver dans une atmosphère de fête et d’autosatisfaction ; erreur monumentale : 36 heures après l’émission, l’équipe était déjà en train de travailler sur la prochaine.

Nous avons écarté volontairement toute question sur le paf, sur Berlusconi, Hersant ou Bouygues ou sa concierge (vous n’avez qu’à consulter votre journal TV préféré, si cela vous intéresse).

Notre interrogatoire était ciblé sur nous, les artistes visuels et sur Patrick Sébastien. Et quelle fut ma joie de ne pas entendre les phrases préfabriquées sur la poésie du cirque ou des banalités du genre : " moi, j’ai commencé dans les premières parties, donc je donne maintenant la chance aux autres ". Car ce n’est pas la pitié que l’on demande, c’est la possibilité de faire notre métier, c’est tout.

Otto : Tu es le seul en France qui emploie des artistes visuels de façon systématique. Pourquoi ? le Plus Grand Cabaret du Monde
Patrick : tout simplement parce que j’aime le spectacle visuel. Quand j’étais enfant, j’étais un fan de l’émission " la Piste aux étoiles ". 
Et puisqu’on n’avait pas de téléviseur chez nous, j’écoutais (!) le programme à travers le mur, quand nos voisins regardaient la télé. Quand j’ai eu 13 ans, quand mes parents finirent quand même par m’acheter un poste de télé., et enfin je pus regardé cette émission qui était entièrement composée d’artistes visuels. Depuis cette période, j’ai toujours gardé cette fascination devant le travail-car je sais que c’est beaucoup de travail- d’un artiste visuel. Une autre raison pour laquelle j’aime les visuels, c’est que vous venez pour montrer quelque chose et non pour parler de ce que vous savez faire. Il ne vous viendrait sûrement pas à l’idée de raconter votre numéro (comme c’est le cas avec pas mal de comédiens). Vous le faites et pour cela que je vous adore.
Otto : et pourquoi, selon toi, les autres productions ignorent d’un façon aussi systématique les artistes visuels ?

Patrick : eh ben…peut être parce qu’ils n’y pensent pas ? ou ils ne savent pas que cela existe…(il m’a été impossible de lui arracher la réponse qu’on sait tous, c’est à dire qu’ils ne pensent qu’à vendre leurs disques)

Otto : Remarque il y a très peu de bonnes attractions … comme il y a très peu de vedettes valables…Tu as commencé dans les cabarets. Quel était ton cabaret préféré ?
Patrick : Je crois que c’était la " main au panier ", qui était en même temps mon premier cabaret. J’y ai débuté le 14 novembre 1974 et j’avais 21 ans. Je faisais plein de cabarets. Le Port du Salut, le Pénitencier, la Grange au bouc, la Boulangerie…Mais c’est toujours à la " main au panier ", dirigé alors par Jacques Gauthier , que je pense. Et mes premiers collègues étaient des visuels. Je me souviens encore de Jean Delaude qui m’a complètement émerveillé et puis à Yurki qui m’a fort impressionné avec son numéro d’équilibre de sabres.
Otto : Nous on met parfois cinq ans pour mettre au point un numéro de dix minutes. Toi tu montes tous les ans un spectacle complet et tu te renouvelles pour chaque émission. Donne nous ton secret !
Patrick :  Travailler, je me repose en travaillant. J’ai la chance de faire comme métier ce que j’aime faire. Mon loisir préféré est le travail ! Je m’ennuierais en vacances, et de passer deux semaines à la plage ne me dit pas grand chose. Remarque pour être complètement honnête, j’ai aussi une grande facilité d’invention ainsi qu’une super équipe.

Otto : Sur quels critères choisis tu un numéro visuels pour tes spectacles ou télés ?

Patrick : Sur l’émerveillement ! Après je dirais qu’il fallait que ce soit spectaculaire, étonnant, original et surtout fou !
Otto : Si tu montais un numéro visuel , que ferais tu ?
Patrick : Je n’ai jamais fait un numéro visuel, mais si j’en faisais un, je crois que je ferai de la magie. Et plutôt, la grande illusion. Dans le style Omar Pacha peut être.
Otto : Quel numéro visuel t’ a le plus impressionné ?
Patrick : Je crois que c’étais Yurki, avec son numéro de sabres. C’était vraiment très inquiétant. Puis George Carl, si l’on considère comme numéro visuel, et puis ce mec avec son violon (Norm Nielsen), Tom Noddy,…il y en a tellement !
Otto : Que penses tu du cirque en France ?
Patrick : Le cirque c’est un bon spectacle et il faut le promouvoir en France. Malheureusement le cirque est tombé dans les mains des adultes qui ne s émerveillent plus. Et le pire c’est qu’il y a toujours un connard qui dit qu’il faut faire de l’intellectuel.
Otto :Qu’est ce qu’on pourrait reprocher aux visuels ?
Patrick : Qu’ils se prennent parfois trop au sérieux. Remarque il y en a de moins en moins dans ce style.
Otto : Quel conseil donnerais tu aux débutant ?
Patrick : Travailler ! Je dirais qu’une réussite est 20 % de talent, 30 % de chance –car il en faut- mais surtout 50% de travail. Rien de vient tout seul. Et puis, ne pas se prendre trop au sérieux. Nous ne sommes que des saltimbanques….
Otto : Comment vois tu l’avenir du spectacle ?

Patrick : Je trouve qu’il y aura de plus en plus de concurrence et c’est très bien, car ce sera la qualité qui s’imposera. Je crois aussi au spectacle dit populaire, c’est le public qui décide. Depuis deux ans, je vois un retournement, les gens fréquentent de plus en plus les salles. Et je souhaite qu’il y ait de plus en plus de spectacles et cela avec de plus en plus de visuels.